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Conférence de Damien Baldin Vendredi 18 novembre 2011

Publication : (actualisé le ) par Pierre Sauge-Merle

Hygiène publique et animaux domestiques de la fin du XVIII e s. au milieu du XX e s.

Salle 502. 15h30-17h30.

" La proximité physique des hommes et des animaux domestiques est grande dans les sociétés occidentales du XIXe siècle. Mais l’essor de l’hygiène publique oblige à repenser la présence de ces animaux dans l’espace civilisé de la ville. Commence alors un long phénomène de nettoyage des rues qui vise à faire disparaître du paysage urbain les chiens errants ou les animaux de boucherie. Cette "désanimalisation" de la ville est notamment assurée par l’installation progressive de fourrières et d’abattoirs."

Comptes-rendus par 3 élèves d’HK :

  • 1) Eléonor Colson :
    « Aujourd’hui, les villes sont des espaces relativement peu occupés par les animaux contrairement au XIX e s., où ils avaient une place importante dans la vie des hommes.
    Au XIX e s., dans une ville telle que Paris, il était d’usage d’avoir des animaux chez soi (comme des lapins ou des poules), il y avait des vacheries pour vendre du lait frais, et es chevaux et les chiens étaient utilisés dans les transports.
    Toutefois, la présence des animaux est vite devenue un problème. Certains, tels que les chevaux ou les chiens, étaient causes d’accidents, pouvaient transmettre des maladies. Et plus l’animal était proche, plus il était craint. C’est notamment le cas du chien, dont les morsures et la possible transmission de la rage en faisait un compagnon redouté.
    Mais plus encore que ces accidents, le bruit et les odeurs liés à leur présence sont devenues intolérables à une société en quête de calme et de propreté. C’est pourquoi, des taxes ont été créées : l’animal devait entrer dans le modèle bourgeois du compagnon domestique.
    Il y a également eu la mise en place de lois de contrôle (obligation de laisse, de médaille) mais aussi de structure d’enfermement et de morts des animaux. Les fourrières se développent pendant le XIX e s. autant pour recueillir les animaux saisis par la justice que les animaux errants. De plus, il y a la création d’abattoirs, toujours placés dans les périphéries, et les mises à mort des animaux, auparavant faites chez les bouchers, deviennent secrètes. »
  • 2) Hélène Peyrou :
    « L’histoire des animaux domestiques est l’histoire des hommes avec ces animaux, ce qui révèle beaucoup de choses sur l’histoire des sociétés humaines. Ils vivent à proximité des hommes et ont un lien de familiarité avec eux ; mais surtout, leur reproduction est contrôlée par l’homme. Au XIX e s., la politique d’hygiène publique concerne aussi les animaux domestiques puisqu’ils sont un possible foyer d’infection épidémique. A une période où les sociétés occidentales protègent de plus en plus leurs animaux (création de la S.P.A. En 1845), ceux-ci vont être encore plus contrôlés et en grande partie éliminés de l’environnement des hommes.
    Si nous croisons peu d’animaux domestiques en ville aujourd’hui, ils étaient omniprésents aux XIX e s. et XX e s., en particulier les chevaux, étant le moyen de transport de l’époque. Mais ces animaux étaient source d’accident, parfois dangereux, source de bruits incessants, et source de maladies comme la rage avec les chiens, effrayant alors l’homme. Ces dérangements provoquent alors une prise de conscience de nettoyer la ville, notamment des cadavres de chiens et de chevaux, et du sang des animaux de boucherie : les animaux étaient tués dans une « tuerie » avant la création d’abattoirs en 1810, plus sains et moraux grâce au terme moins violent.
    Des réglementations sont donc mises en place pour mieux contrôler les animaux domestiques devant entrer dans un certain modèle de bourgeoisie. Une taxe canine facultative, ainsi que la contrainte du port de médaille et d’une laisse, ce qui vise aussi à forcer les pauvres à ne plus avoir de chiens, de plus en plus abandonnés et récupérés par la fourrière, puis tués si aucune réclamation. La société du XIX e s. élimine autant qu’elle soigne ses animaux. »
  • 3) Colette Souchard :
    « Qui de nous voit dans la rue des chiens errants ou même morts ? Et pourtant, il n’en a pas toujours été ainsi. Au XIX e s., les animaux domestiques (c’est-à-dire ceux qui vivent à proximité des hommes) sont extrêmement nombreux en ville, que ce soit chiens, bovins, lapins et même singes ! Le cheval y a une place importante parce qu’il est un moyen de transport. De plus, les animaux sont vendus vivants dans les marchés parce qu’ils ne se conservent pas morts. Mais leur présence gêne de plus en plus les hommes. D’une part, à cause du bruit et des odeurs (particulièrement celle du sang qui émanait des boucheries), mais aussi pour leur dangerosité : les morsures de chien, les accidents de cheval dans les rues. L’hygiène publique inquiète aussi personne ne s’occupe des cadavres et des excréments d’animaux. Les abattoirs sont causes de la vue du sang dans les rues, ce qui n’est ni sain, ni moral. De nouvelles lois sont alors créées : des taxes pour les chiens, ou la laisse obligatoire. On différencie chiens utiles et chiens de luxe, et les animaux gagnent en prestige. Pour mieux contrôler ces animaux, l’Etat met en place une logique d’enfermement notamment avec les abattoirs qui s’éloignent des villes, et les fourrières qui accueillent les animaux saisis par la justice. Ces lois apparues à la fin du XIX e s., existent encore, pour la plupart d’entre elles. »